Église

Recherche par : Claude Martel

Église Anglicane Grace

En 2020, la communauté anglicane de Mascouche célébrait le 180e anniversaire de son église. Nos connaissances historiques sur cette communauté sont encore très fragmentaires, mais pour l’occasion nous avons cru bon de compiler quelques notes.

 

La colonisation anglophone de Mascouche

Après la Conquête britannique (1760), nos seigneuries passent aux mains de seigneurs anglais ou écossais qui attireront avec eux plusieurs de leurs concitoyens. L’implantation d’anglophones, protestants pour la grande majorité, se fait assez lentement à partir des années 1770, principalement du côté de Terrebonne. En 1795, le nouveau seigneur Peter Pangman s’établit à Mascouche et concède des terres dans le rang de La Plaine aux frères Andrew et John Christopher Myers –Haindedier, puis à Robert Robertson. Mais il faut attendre véritablement la vague de colonisation anglophone, entre 1820 et 1850 pour voir l’établissement d’une communauté anglophone à Mascouche. D’ailleurs, le cimetière adjacent à l’église Grace témoigne de la présence de ces familles pionnières, citons-les : Alexander, Brereton, Ewan, Hamilton, Henderson, Hodgson, McKay, Moody, Patterson, Robinson, Reilly et Walker.
 
Parmi ces pionniers, on observe que les Alexander, Brereton, Robinson et Reilly proviennent tous du comté de King en Irlande. On retrouve quelques Écossais, les Ewan et McKay, les autres sont de « vrais Anglais », issus notamment de la région du Yorkshire.
 

Les seigneurs Pangman

Peter Pangman meurt à Mascouche en 1819. Sa sépulture prend place sous un tumulus du cimetière anglican, voisin de l’église. Il est probable que sa dépouille fut la première inhumée à cet endroit, donnant ainsi plus ou moins naissance au futur cimetière paroissial. La seigneurie passe aux mains de son fils, John Pangman qui l’administre dès qu’il atteint ses 21 ans, en 1829. Ce dernier s’investit beaucoup dans la colonisation de la seigneurie de Lachenaie et il acquit rapidement des titres de noblesse, dont celui de conseiller législatif (sénateur). John comprend rapidement que la prospérité de la communauté anglicane passe par la présence d’un lieu de culte. Ainsi, dès 1838, il fait don d’un terrain, voisin du cimetière, pris à même son domaine seigneurial afin que la communauté puisse ériger un temple; trois ans plus tard, il fait don d’un second terrain adjacent au premier. John se montrera généreux non seulement pour la construction de l’église, mais il payera le salaire des « clergymans » pendant plusieurs années.
 

La Grace Anglican Church

En mars 1840, la communauté anglicane inaugure leur nouvelle église. On la dédie sous le vocable de Grace, en l’honneur de Grace Mactier, la mère de John. Comme le veut la tradition, un siège spécial est réservé aux membres de la famille Pangman, à l’avant de l’église.

L’édifice de facture modeste, comme bien des églises anglicanes, est construit en bois. Les murs et le plafond intérieurs sont en plâtre. Le plan au sol est très simple, rectangulaire avec un cœur en saillie et une abside en hémicycle. Elle loge environ 80 personnes.
 
Fait à noter, au moment de construire l’église Grace, la communauté anglicane de Terrebonne construit également une église qui prit le nom de St Michael. Les deux églises relèvent de la même paroisse.
Il appert que l’église Grace sert également d’école où les jeunes Pangman firent leurs études. On retrouvait d’ailleurs dans le voisinage une maison qui permettait de loger l’enseignant; la maison servit plus tard à héberger le pasteur chargé de célébrer la messe. Certains documents parlent ici d’un presbytère. Il semble qu’à compter de 1903, le pasteur n’habite plus Mascouche et loge au presbytère de Terrebonne. D’ailleurs, un contrat de 1909 nous indique la présence d’un gardien (warden) habitant l’édifice. Le presbytère était situé dans la partie où se trouve aujourd’hui la nouvelle section du cimetière; il passa au feu il y a plusieurs décennies. En ce qui a trait au cimetière, le seigneur John Pangman fit don du terrain.
La croissance de la villégiature dans le secteur Terrebonne-Heights va donner lieu à la création d’une seconde église anglicane à Mascouche. Cette dernière s’amorce avec une mission en 1928 qui donnera lieu à la chapelle St Margaret et à une église plus spacieuse en 1954 (383, ch. des Anglais). Cette dernière sert d’école privée depuis 2005.
 
Voisin de l’église, du côté est, on retrouve l’ancienne écurie. La venue de l’automobile vient changer la vocation de l’édifice. D’ailleurs, en 1954, la « Ladies Guild » va amasser 4000$ afin de transformer les lieux en salle communautaire. D’autres rénovations ont été apportées à la salle entre 1987 et 1989, alors que la salle fut consacrée par l’évêque Hollis.
 
Jusqu’en 1970, l’église demeurait constamment ouverte (non verrouillée) afin que les fidèles puissent s’y recueillir. Mais à la suite d’actes de vandalisme, l’on dut se résigner à fermer l’édifice à clé. En 1976, la communauté met fin au service régulier, se contentant d’une commémoration annuelle. Mais la situation change avec la fermeture de l’église St Margaret. La communauté décide alors de restaurer l’église Grace. L’édifice est reculé de 70 pieds, puis placé sur une fondation en béton, permettant l’aménagement d’un sous-sol. Des escaliers et un balcon ont été ajoutés en façade. En souvenir de l’église St Margaret, on déménage les bancs ainsi qu’un vitrail de celle-ci. De plus, on ajoute un clocher en introduisant la cloche de ce temple. Plus de 150 000$ furent investis dans cette restauration. L’église Grace reprend donc son service hebdomadaire avec la messe de l’Action de grâce de 2006.
L’église Grace est aujourd’hui le plus ancien lieu de culte existant de la MRC Les Moulins. L’édifice se trouve au 2174, chemin Sainte-Marie, à Mascouche, soit à 200 mètres à l’ouest de l’intersection du chemin des Anglais. Des offices religieux, bilingues, se tiennent tous les dimanches à 10 h.
 
Sources :
Fonds de recherche de l’auteur comprenant plusieurs extraits de journaux, des actes notariés et un document sur le cimetière rédigé par Stan Alexander et Bob Alderson (1993).

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